Une petite virée à Lyon ça vous dit ? Située à tout juste 2h de Genève, la Capitale des Gaules a tout ce qu'il faut pour passer un bon week-end sous le signe de la culture. Sa vieille ville, ses traboules, ses musées... Mais aussi son opéra ! Et ça tombe bien, au mois d'octobre, l'Opéra de Lyon présente une nouvelle production – Wozzeck, un chef-d'œuvre d'Alban Berg créé en 1925 – dans une version qui repousse les limites de la mise en scène contemporaine. Dirigé par Daniele Rustioni et mis en scène par Richard Brunel, ce spectacle se distingue par plusieurs éléments innovants, notamment l'intégration d'un robot sur scène.
Une mise en scène dystopique inspirée du cinéma
Dans cette nouvelle version de Wozzeck, le spectateur plonge dans un monde dystopique où les frontières entre vérité et manipulation sont floues, un thème qui fait écho au célèbre film The Truman Show du réalisateur australien Peter Weir, mettant en scène Jim Carrey dans l’un de ses rôles les plus iconiques. Dans ce film, le protagoniste est piégé dans une fausse réalité orchestrée et surveillée à son insu, une sorte de télé-réalité dont lui seul ignore l’existence mais dont il est le héros.
© Jean-Louis Fernandez
Dans Wozzeck, opéra en trois actes inspiré de la pièce Woyzeck de Georg Büchner, on assiste à la descente aux enfers de Franz Wozzeck, un homme démuni et oppressé par la société, qui subit la manipulation et le harcèlement de ceux qui l’entoure, au point de peu à peu perdre sa lucidité et de sombrer dans la folie. La mise en scène de Richard Brunel questionne la responsabilité d’une société qui exploite, domine et broie les individus, symbolisée par des figures d'autorité telles que le Docteur et le Capitaine, qui soumettent Wozzeck à des expériences scientifiques déshumanisantes. Une façon pour le metteur en scène de dénoncer la surveillance, la perte de contrôle et l'objectification de l’individu dans la société.
À l'affiche : Stéphane Degout et un robot
Autre prouesse de cette production, l'introduction d’un robot dans la mise en scène, une première pour l'Opéra de Lyon. Ce robot qui suit sans cesse Wozzeck, incarne l’oppression permanente qui pèse sur le personnage. Un choix audacieux qui souligne la réflexion autour du contrôle et de la perte de soi dans un univers qui nous échappe. « Le robot est comme un compagnon pour Wozzeck, qui le suit partout, qui l’observe, qui l’éclaire », explique Étienne Pluss, scénographe, c’est un acteur complet qui ne lui permet pas d’avoir d’endroit où se retirer. »
À ses côtés, ce n’est autre que Stéphane Degout, baryton originaire de Lyon, qui incarne le rôle-titre de Wozzeck. Reconnu internationalement, Degout est l’une des figures phares de l’Opéra de Lyon, et son interprétation de cet anti-héros tragique est particulièrement attendue.
Un chef-d’œuvre moderne qui parle à notre époque
Créée il y a près d’un siècle, en 1925 à Berlin, l’œuvre d'Alban Berg résonne encore aujourd'hui, particulièrement dans cette mise en scène dystopique où la critique de la société moderne est accentuée par des choix scénographiques et technologiques audacieux. Avec cette nouvelle production, l'Opéra de Lyon propose un spectacle percutant qui promet d'être l’un des événements marquants de la saison 2024-2025. À ne pas manquer.
© Patrick Tournebœuf
Wozzeck
Opéra National de Lyon
1, place de la Comédie – Lyon 1er
Du 2 octobre au 14 octobre 2024, un soir sur 2 à 20h
Durée : 1h35 sans entracte
Tarifs : de 10€ à 116€
Facebook : Opéra de Lyon
Instagram : @operadelyon